SMITH367
C’est d’abord le nom qui interpelle. Smith, c’est le nom propre le plus commun de la langue anglaise. Si commun qu’il désindividualise, plonge dans l’anonymat, et semble s’opposer à l’image de l’artiste née avec le romantisme et qui s’affirme dans les avant-gardes du 20è siècle : celle d’une individualité irréductible capable de proposer un acte créatif original. Pire, le numéro ajouté au nom intègre l’artiste à une série : serait-il le 367è Smith, un être interchangeable ? S’agit-il d’un énième pseudonyme généré sur un réseau social, un profil sans photo, un nom sans âme ? Smith, c’est aussi le personnage des sœurs Wachowsky dans Matrix. Créature virtuelle, générique, insensible, inhumaine, duplicable à l’infini, l’agent Smith incarne l’aliénation absolue de l’humanité au profit d’une superstructure qui la domine : la matrice. Il participe à l’exploitation énergétique de l’humanité.
Qui est cet artiste qui paraît aux antipodes de tout ce qu’incarne l’art à nos yeux ?
Ce qui nous frappe, au premier regard posé sur ses œuvres, c’est l’habillage mystérieux qui recouvre et révèle des formes familières – voitures, vélos, lampes, personnes — et qui n’est pas sans rappeler le tissu artificiel du plan référentiel en trois dimensions sur lequel se déploient les images numériques. Les volumes sont réduits aux lignes de force et semblent se décomposer, les couleurs disparaissent sous l’uniformité du noir et du blanc, les objets perdent en densité. Un morceau joué par des musiciens perdra de sa qualité sonore une fois imprimé dans le microsillon du vinyle ; le passage au support numérique tronquera encore l’onde sonore continue en tranches discontinues au détriment de la richesse originale : c’est cette emprise négative du virtuel sur le réel que l’œuvre de Smith.367 nous semble d’abord représenter.
Pourtant, cette réalité fondée sur le numérique se manifeste ici comme une évolution qui, certes, envahit le monde naturel mais qui enrichit aussi, paradoxalement, notre humanité. Réalité et virtualité semblent avoir renoncé à se confronter pour s’unir. Derrière les symboles de notre époque industrialisée, numérisée, gavée d’objets à obsolescence programmée, les œuvres de Smith367 révèlent un univers dans lequel nature et culture ne s’affrontent plus. L’artiste réconcilie le réel et le virtuel, renversant ce qui semblait intangible. La démarche créatrice elle-même fait sens : les formes numériques sont recréées manuellement, de manière artisanale, avec des éléments naturels (bois, laine) et industriels (écrans, bouteilles en plastique). Les objets qui paraissaient étouffés par la froideur inhumaine d’une impersonnalité numérique recèlent finalement un cœur battant. La matrice ne nous envahit pas, elle est notre création, et l’exploitation énergétique qu’elle impose est aussi une source de créativité qui permet de repenser la réalité pour faire un monde plus cohérent. Post-apocalyptique peut-être, mais apaisé. Smith signifie à l’origine : « le forgeron ». L’étymologie rejoint celle du mot poésie : le poète, en grec, c’est celui qui fabrique, à la manière d’un artisan, un objet fait de mots. L’artiste est d’abord un artisan du sens.
Smith367 est un forgeron, un fabricant, un poète. Il ne revendique pas son individualité mais donne à voir le mouvement universel d’une réalité partagée, dévoilant ainsi, à sa manière particulière, notre être là.
éPURES 3D

Arbre dans grillage, peinture acrylique, laine acrylique.
Les formes se décomposent, les objets se désintègrent, volumes et lignes sont déstructurés, et le sensible perd de sa réalité pour se fondre dans un monde qui l’épure. Les œuvres elles-mêmes n’ont pas vocation à rester, elles disparaîtront pour laisser leur environnement intact, s’intégrer à un autre, peut-être (épure 4), ou s’effacer pour ne rester que des virtualités sans réalité.
Un autre monde est en train de prendre forme sous nos yeux. Les références aux nouvelles technologies, omniprésentes chez Smith 367, matérialisent l’étrange époque de transition que nous vivons. La nouvelle génération, la génération Z, à qui on semble par son nom même promettre d’être la dernière, est cette génération du tout numérique, engeance de fin du monde prisonnière de ses écrans (Good). Mais ici, la fusion parfaite de la technologie et de la nature nous invite à reconnaître ce qui nous dépasse, nous transcende, nous réinvente.

Peugeot 106, peinture acrylique, laine acrylique.

Polystyrène, résine polyester fibrée, peinture acrylique, laine acrylique.



Peinture acrylique, laine acrylique, vélo.

Peinture acrylique, laine acrylique, mur provençal..

Peinture acrylique, laine acrylique, morceau de bouleau.

Peinture acrylique, laine acrylique, habitation.

Pièce à vivre reconstituée, peinture acrylique, laine acrylique.

Peinture acrylique, laine acrylique, plâtre, résine polyester.

Peinture acrylique, laine acrylique, tube de béton abandonné.

Bois, marbre vert, peinture acrylique, laine acrylique.

Mastic polyester, sweat-shirt, peinture acrylique, laine acrylique.

Apprêt gris, laine acrylique.

Peinture acrylique, laine acrylique, écran cathodique.

Mottes de terre, laine acrylique

Peinture acrylique, laine acrylique, lavabo.
LES HUMAINS Rêvent-ils d’arbres électriques ?

L’œuvre de Smith367 n’est pas arbitrairement écologique, elle accepte et intègre la réalité de la nature humaine. Oui, les hommes ont rêvé d’arbres électriques : les lampadaires ne sont rien d’autre. Et l’humanité rêve encore de nouvelles technologies. Smith 367 nous entraîne dans un rêve qui réconcilie écologie et humanisme.

Souche de chêne, fils de cuivre oxydés

Branche de Hêtre, baguettes à souder

Brin d’herbe et fils de cuivre

Lierre coupé, fils électriques gainés

Morceau de Platane, fils électriques gainés tronçonnés
SCD – SOLID CRYSTAL DISPLAY
Dans cette dernière série, l’objet martyre semble clamer l’abdication de la technologie humaine face à la puissance de l’univers. Pourtant, il fusionne avec elle, entre en symbiose, en mutation.

Ecran LCD, bouteille en plastique 5L.

Ecran LCD et duct tape.

Ecran LCD et tronc de bouleau.

Ecran LCD fracturé, enterré-Eteint

Ecran LCD chauffé, dispositif médical, eau, gratté de route

Ecran LCD fracturé, enterré-Allumé
Ecran LCD, placoplatre
Ecran LCD, placoplatre


Parpaings d’agglomérés de béton, enduis de façade, écran LCD

Apple watch, pomme

Ecran LCD, spaghetti Barilla n°5

Ecran LCD, WC porcelaine
SCD (solid crystal display) – Interstellar snow
Ecran plasma, mur provençal


Ecran LCD, humain

Ecran LCD, tréteaux, béquilles

Ecran LCD, pousse d’herbe

Ecran LCD, toile de peintre
NATURAL GLITCHES
Le système qui tente de se mettre en place est fragile et maladroit. Les bugs y sont nombreux. « Natural glitches » semble une épure qui aurait planté. Est-ce à dire que notre évolution est destinée au chaos ? La civilisation humaine n’est-elle qu’une anomalie de la nature, un bug surfacique (NG4), un problème en trois dimensions ?

Bananes

Laine acrylique, Mimmi.

Résine polyester, boue

Phare peugeot 206, PMMA

Phare Renault trafic, PMMA, adhésif chrome.

Parquet, peinture acrylique, ruban adhésif

Bois, résine, faïence

Morceaux de Noisetier vissés

Fibre de carbone, résine, mur provençal


Crayons Staedler, colle cyanoacrylate

Canettes de coca-cola, polystyrène

CD découpés, assemblés

Branche de Hêtre, acier forgé, éléments de vélo

Noisetier, feuilles de papier agrafées

Silicone sanitaire, mousse végétale

Biscottes

Canevas, fibre optique
SHIT HAPPENS

Tissus synthétiques, bandes réfléchissantes

Polystyrène expansé, pierres calcaires

Photographie mise en scène dans Paris

Papier hygiénique, feu

Feutre, panneau de signalisation

Billet de 20 euros, élastiques

Prise électrique, led

Manettes SONY PLAYSTATION de 1ère,2ème,3ème génération

Mimmi, mannequin en PMMA, chaises

15 000 vis, piscine polyester

15 000 vis, piscine polyester, laine acrylique

Chocolat

PVC, gravier et silicone, Iphone mode nuit.
COLORBLIND

Peinture aérosol, citroën C4

Peinture aérosol, citroën C4

Aérographe, biscotte

Peinture aérosol, pierre calcaire

Peinture aérosol, pierre calcaire

Peinture aérosol, pierre calcaire

Aérographe, bananes

Aérographe, bananes

Peinture aérosol, déchets urbains.
Collaboration avec l’artiste LOR-K © IGO studio